Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La petite vision d'Omar
La petite vision d'Omar
Publicité
Archives
14 novembre 2019

LA TCHIZA AU COEUR PUR ( 1ère Partie)

54515901_1094368837408680_5288382339527737344_n

Kalyl était très heureux et le bonheur apparaissait pleinement sur son visage. Il venait de décrocher son diplôme de master en commerce et devait rentrer au pays. Ce reto

ur était d’autant plus légitime que sa génitrice était en phase terminale d’un cancer. A défaut d'avoir été à ses côtés toutes ces années, il lui fallait au moins honorer sa présence vers la fin. Il débarqua à Abidjan avec son épouse Zeinab et ses deux filles. Ce fut alors la quête d’un emploi. Avec la prolifération de grandes surfaces, les relations de son père et le nom de l’établissement d’origine sur le diplôme, Kalyl fut engagé très rapidement. Sa structure installait une succursale à Aboisso et l’opportunité lui fut offerte de faire étage de ses talents, c’est ce qu’il fit. C’était un bosseur hors pair, doté de talents exceptionnels. Il avait l’habitude d’élaborer chaque trimestre des diagrammes, des histogrammes pour évaluer l’entreprise et faire des recommandations à la DG d’Abidjan. Finalement, il fit venir sa femme et ses deux filles, Leyla et Fatima au bord de la Bia. Il partageait son quotidien entre le boulot et sa petite famille installée derrière l’appâtâmes Brou Gustave. Tout ce petit monde aurait vécu dans la quiétude si Kalyl n’avait pas été en mission dans la capitale avec son patron 6 mois après son arrivée.

La fameuse mission eut lieu à Yamoussoukro. Il s’agissait d’un des multiples séminaires de renforcement de capacités organisés par les entreprises en partenariat avec des hôtels d’ami pour se partager un peu de sou. C’est au cours de cette cérémonie que Kalyl fit la rencontre de Zalissa, une jeune fille de dix ans sa cadette. Elle était membre de la même grande entreprise que lui et servait sur place. La genèse de leur amour eut lieu au cours du repas de midi. Les employés rangés deux à deux autour des tables du restaurant, Kalyl et Zalissa se retrouvèrent « au bon endroit au bon moment ». La même scène se produisit le lendemain : la causerie romantique mit en veilleuse le déjeuner, ce qui eut pour conséquence une négligence évidente du mets au profit des cœurs. Présen

tations, échanges de numéro, situations matrimoniales… Zalissa dans une manie dont elle seule avait le secret, utilisa ses deux gros orteils pour enlever les chaussettes après avoir tiré doucement les lacets des souliers de Kalyl. Le tout se passa sous la table bien couverte d’un large pagne N’zassa. Ils se caressaient les pieds sans jamais attirer l’attention de leurs collaborateurs qui ne pouvaient se douter de quoi que ce soit. Pendant les trois jours que dura le séminaire, ils ne voulurent pas « passer à l’acte » pour ne pas se faire traiter de personnes faciles.

Une semaine plus tard, nos deux tourtereaux purent se revoir à Abidjan. Lors des missions professionnelles, les amis de Kalyl faisaient du « emporté », c’est-à-dire qu’ils allaient avec les engins de la société, et les filles empruntaient le car pour les rejoindre sur les « lieux du crime ». Il avait désormais rejoint le club, sauf qu’avec lui, c’était un « service sur place », l’essentiel des missions se passait à Yakro. La discrétion étant la fiancée de la prudence et de la vigilance, il s’attela au mariage des trois notions pour créer un second foyer sans le moindre soupçon de son épouse. De ce foyer naitront deux enfants Mohamed et Aly. Zalissa savait tout de sa coépouse et ses enfants. Prenant quelques fois le téléphone de son « mari », elle voyait à l’écran la photo de Fatima, l’imaginait dans ses bras, lui passant la main sur la tête, bref, Zalissa, bien qu’ayant participé au disfonctionnement de la vie de couple de Kalyl n’était pas un diable, aucune trace de méchanceté dans son cœur, aucun brin de jalousie mortelle vis-à-vis de sa « coépouse », elle avait eu un homme, deux enfants… La suite était entre les mains de l’avenir.
Certaines dérives des hommes leur siéent tellement qu’ils finissent par se convaincre que c’est cela la norme. Kalyl n’avait aucun remord et ne se reprochait absolument rien dans le panier de trahison qu’il agrandissait chaque jour face à son épouse légitime. Il était tellement à l’aise, tellement prudent, qu’il vivait sans peine moral. Dans ses folies, il proposera à Zalissa une visite à Aboisso. La décision découlait du fait que son épouse devrait se rendre en famille à Abidjan. Il était évident que Zalissa ne viendrait pas dormir les deux nuits dans la maison de sa « coépouse », mais plutôt au Tanoé Hôtel ou une réservati

on avait été faite. Zalissa prit alors son engin et se lança sur cette l’autoroute.

En deux heures elle était à Gesco. C’est en ce moment que le car STA sortait de la gare d’Aboisso à son bord, Zeinab la femme de Monsieur Kalyl Borua Abas et ses deux filles. Le car passa sous le pont piéton, la côte du collège, Assabou….Adaou… Babadougou…Koffikro….pendant ce temps, la coépouse avait fini avec la ville d’Abidjan et faisait le rond-point de Anani elle perforait alors la voie express de Bassam, pour se retrouver 11 minutes plus tard sur le pont de Moossou. De l’autre côté, le car transportant la femme légitime de Kalyl et ses filles quittaient N’zikro en bifurquant enfin pour Samo. Alors que le chauffeur avançait prudemment sur cette voie parée de part et d’autre de plants d’hévéa, un grumier dont le chauffeur avait perdu le contrôle pointa son « nez » face au car STA. 

Le pire était inévitable, la chaine tenant les billes céda, celle située au-dessus fut protégée sur le car atteignant plusieurs passagers, dont Zéinab la femme de monsieur Kalyl. Panique générale, on entendait des cris, le nom de Jésus, des pleurs. Les passagers indemnes et les occupants des engins arrivés à l’heure H sortaient des victimes, naissance d’un embouteillage… Zalissa coincé dans l’embouteillage se demandait d’où venait ce ralentissement. Elle arriva enfin sur le lieu de l’accident. Il y’avait une foule immense autour des victimes. Celles-ci étaient soufflées par les secouristes amateurs qui utilisaient soit des éventails, des pagnes, ou de vieux calendriers en attendant les pompiers. Puis ralentissant pour mieux s’imprégner de la scène, l’attention de Zalissa fut attirée par une fillette habillée en robe pagne, sur la robe, l’image de deux oiseaux, l’un était hors de la cage et l’autre en sortait, c’était le fameux pagne « tu sois je sors ». Zalissa gara son engin, son rythme cardiaque prenait une fréquence inhabituelle. Elle avait reconnu « sa fille », la fille de « son mari ». C’était Fatima, elle et son fils Mohamed se ressemblaient comme deux cafards. D’ailleurs, sur l’écran de veille du téléphone d

e son amant, elle avait vu cette photo de la petite dans la même tenue. Elle courut vers la scène et serra fortement Fatima dans ses bras. Elle demanda alors après sa maman et sa sœur. Les deux enfants étaient indemnes mais la mère était touchée à la clavicule et l’omoplate. Elle était étendue parmi les blessés. Véritable dilemme pour Zalissa. Elle connaissait les techniques de premiers secours. Que faire ? prendre le risque d’évacuer sa coépouse et alerter « leur mari » pour qu’il les rejoigne à l’hôpital, se retourner sur Yakro pour ne pas être actrice d’une hypocrisie, sa cervelle était en ébullition, entre les gambes des badauds elle apercevait « sa coépouse ». Zéinab se retourna et vit sa fille sur les épaules de Zalissa. Elle cherchait à dévisager Zalissa. Cette dernière au regard fuyant l’évita que faire ?

(Fin de la première partie)

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité